Pour les personnes nées après 1950, la lessive est devenue une tâche ménagère régulière, voire quotidienne. Mais quiconque a eu l’occasion de parler avec une personne née dans les années 30 sait la corvée qu’était la lessive. Cette corvée était très chronophage en milieu rural et très coûteuse en milieu urbain (1).
Que la campagne soit bretonne, nivernaise ou beauceronne, le procédé utilisé avait pour origine l’utilisation de la cendre de bois récupérée, par exemple, dans les cendriers des cuisinières en fonte, des cheminées ou des poêles à bois. Le lavage à la cendre était basé sur une méthode empirique transmise par voie orale de génération en génération. Le dosage de la cendre et l’origine du bois avaient des conséquences directes sur le résultat de la lessive.
Avant 1950, le lavage du linge était réalisé en “coulant la buée”, c’est-à-dire que de l’eau bouillante passait dans un cuveau sur les cendres, l’eau s’écoulant ensuite sur le linge. Le linge était ensuite rincé à un point d’eau. Les cycles prenaient plusieurs heures et étaient totalement manuels. Par ailleurs, dans les villes, la cendre était précieuse et avait une valeur monétaire. Ainsi, une attention particulière était portée au bois mis dans les foyers de cheminée ou les fours à pain.
Les cendres étaient toutes détournées pour être valorisées (2). Elles servaient en premier de base pour la lessive. Elles étaient ensuite récupérées puis séchées pour être utilisées comme engrais. La lessive à la cendre était pionnière dans l’économie circulaire en cela que le cycle était totalement maîtrisé et vertueux (3). Cet engrais précieux était même exporté entre les différentes provinces de France.
Par ailleurs, à la fin du 19ème siècle, certaines ménagères fabriquaient des savons avec de la graisse de bœuf et des décoctions de cendres, cette pratique est réapparue durant la 2nde guerre mondiale (4).
Avant la mécanisation, le travail des blanchisseuses était très pénible. Ainsi, la périodicité des lessives dans les ménages ruraux était d’environ 2 fois par an avant 1850. Cette périodicité se réduit et devient mensuelle avec l’apparition de la lessiveuse en tôle galvanisée au début du 20ème siècle (5), commençant à faciliter la tâche. Après la première guerre, le cycle des lessives devient hebdomadaire dans certains ménages (6).
Après la seconde guerre mondiale et en moins de 40 ans, cette connaissance ancestrale a failli disparaître. Pourtant, les sels de potassium contenus dans la cendre sont des détachants naturels. Les produits détergents industriels, grâce à leur marketing féroce, ont pris le dessus. Malheureusement, ces produits se sont développés au détriment de la nature, la polluant à outrance. Les législateurs ont ainsi dû imposer des modifications de composition pour limiter la pollution de nos cours d’eau (réduction des phosphates (7)). Depuis quelques années, le retour des produits naturels a permis de contrer la progression des produits de synthèse et de permettre l’apparition de produits naturels hypoallergéniques, sans additif chimique et respectueux de l’environnement.
Notre lessive aurore® est un retour à une méthode naturelle efficace.
La petite histoire fait parfois la grande :
* Louis XIV, en 1644, décide de créer des offices de commissaires pour contrôler les cendres “à faire la lessive” (8)
* Au début du 20ème Siècle, les élèves de primaire pouvaient être interrogés sur les grandes étapes à mener pour faire la lessive avec de la cendre (9).
1. Pour une histoire de la lessive en Nivernais au XIXe siècle, Guy Thuillier, Annales. Economies, sociétés, civilisations. 24ᵉ année, N. 2, 1969, pp. 377-390
2. Revue française d’anthropologie : L’HOMME, La Femme-qui-aide et la laveuse, Yvonne Verdier, Année 1976, 16-2-3, pp. 103-128
3. Charrée, Charles Joret, Romania, Année 1877 24 pp. 595-596
4. Ouvriers des deux mondes, t V, 1875, Le Play et De Cheverry, p29
5. un bon résumé de l’évolution des techniques de lavage d’autrefois https://espritdepays.com/patrimoines-en-perigord/patrimoine-bati-du-perigord/les-lavoirs-du-perigord/lessives-dautrefois-techniques-de-lavage#:~:text=Les%20sels%20de%20potasse%20contenus,tanin%20pouvait%20tacher%20le%20linge.
6. Le Monde alpin et rhodanien. Revue régionale d’ethnologie Année 1975 3-1-2 pp. 165-170, Quelques activités traditionnelles en Haute-Vésubie, Alain Fournier
7. https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000000278656
9. Sujets de compositions donnés dans les examens et concours de l’enseignement primaire, Manuel général de l’instruction primaire, Année 1908, 76-45 pp. 53-56
